Rentrée scolaire : Emmanuel Ménard constate le vide, Garry Conille promet de rectifier le tir

Rentrée scolaire : Emmanuel Ménard constate le vide, Garry Conille promet de rectifier le tir

« Premier Octobre, c’est la rentrée mais je ne vois ni espoir ni espérance dans les yeux de cette jeunesse dont l’avenir est confisqué par la terreur des gangs et l’inconscience des élites dirigeantes. La Capitale est encerclée, au moins sept départements géographiques sont en difficulté de s’approvisionner en produits de première nécessité, les paysans producteurs sont aux abois, le commerce et l’industrie reçoivent les assauts répétés des terroristes, les petites et moyennes entreprises sont décapitalisées, les classes moyennes sont appauvries, les masses populaires sont abandonnées à leur sort », écrit Emmanuel Ménard.

Comme bon nombre de citoyens conscients de la complexité de la situation du pays, le constat du dirigeant de parti politique est amer, dépassant ainsi une simple sortie politicienne faite pour nuire aux uns et plaire aux autres. A Port-au-Prince notamment, les rues ne disent plus que ‘’c’est la rentrée scolaire’’, les élèves ne répondent pas massivement à l’appel. Du moins pas encore, à la première semaine de l’ouverture officielle. 

Un fait qui n’échappe pas au Premier ministre qui, après plus de 100 jours à la Primature, ne donne aucun vrai signal du « leadership » annoncé par son prestige de cadre-technicien des Nations Unies. « Ce matin, je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas satisfait parce qu’il y a encore près de 40 écoles qui restent encore occupées. Les élèves ne peuvent pas avoir accès à leur espace habituel pour aller à l’école », se désole Garry Conille, au moment de procéder au lancement de l’année académique 2024-2025, au lycée des Jeunes filles, à Port-au-Prince, le lundi 1er octobre.

Comme pour ne pas trop s’attarder sur ce ‘grand mal’ qui semble dépasser son Gouvernement, en bon politicien, il ajoute : « Avec nos moyens, je tiens à ce que tous les enfants du pays puissent aller à l’école. Voilà pourquoi, pour la première fois depuis des années, les allocations pour le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle ont significativement augmenté. Cette année, le budget du MENFP est augmenté de 24 %, afin de répondre aux énormes défis en matière d’éducation ».

Dans l’intervalle, c’est à la loupe que le Président de Force Louverturienne Réformiste scrute la réalité on ne peut plus délétère.

« Depuis la chute du Premier Ministre Ariel Henry en mars dernier, rien n’a changé dans la quotidienneté de la population. Sept mois au pouvoir, la camarilla du Conseil Présidentiel et du PM Conille est en effets d’annonces avec une machine de relations publiques et de propagande peu inspirée et maladroite. L’équipe au pouvoir a trahi les idéaux du Consensus du 11 mars, gérant les deniers publics sans aucun organe de contrôle. C’est un pouvoir exclusif par cooptation. On dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Haïti amorce une rentrée scolaire, fiscale et politique sous une tension au sein d’un Pouvoir Exécutif qui s’expose à une implosion imminente ou une révolte populaire qui peut être sanglante. Seuls ceux et celles qui assurent les hautes charges de l’État ne voient pas venir la tempête ni ne reniflent l’odeur du souffre », diagnostique Emmanuel Ménard. 

Après constat, l’ancien Directeur général de la Télévision Nationale d’Haïti prescrit le remède : Il y a un choix pressant à faire entre l’entêtement de maintenir un statu quo et l’intelligence de remodeler la gouvernance intérimaire qui a déjà atteint les limites d’une décomposition accélérée. (…) Ce sont les efforts communs dépouillés des coups bas habituels qui aboutiront à faire sortir le pays de ces abysses terrifiants. Entre haïtiennes et haïtiennes, il est indispensable de se parler et de se dire la vérité avec les mots qui ne fâchent pas. (…) À côté de la bataille sécuritaire à mener avec les armes, Haïti a besoin d’un PROGRAMME INTÉGRÉ pour renforcer la capacité de l’État régulateur et de services, créer des emplois durables afin réduire l’écart trop grand entre les riches et les pauvres. 

Je plaide encore pour un PLAN LOUVERTURE à l’instar du Plan Marshall, pour des investissements massifs et non de la charité à de pauvres noirs forcenés, parqués en plein cœur de la puissante Amérique, sur un lopin libéré par le sang de leurs ancêtres. Il faudra tout de suite : rétablir la sécurité et l’ordre public, combattre l’impunité, l’exclusion, la corruption, la contrebande, les trafics illicites, le clientélisme politique et la mauvaise gouvernance. Sans la restauration d’un État fort dans le respect des libertés publiques avec l’ordre républicain et la justice sociale, il n’y aura aucun changement dans ce pays. Cette Transition doit être une opportunité pour amorcer les Réformes Révolutionnaires, une sorte de révolution tranquille comme jadis au Canada ou au Rwanda ». 

Outre l’insécurité alimentée par les gangs armés qui privent des milliers d’enfants de leurs salles de classe, il y a la jouissance outrancière du pouvoir par les non-élus, l’incapacité, l’incompétence et l’indifférence des ‘dirigeants’ qui compliquent et complexifient la situation. L’énigme haïtienne est plus que jamais indéchiffrable. 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com