Louis Gérald Gilles au Conseil présidentiel, tel un phénix
Dans son cheminement, Louis Gérald Gilles, ancien sénateur de la République sous la bannière de Fanmi Lavalas, laisse la forte impression – ou peut-être la certitude – d’un vieux briscard qui excelle dans l’art de passer entre les mailles du filet. Sa présence au Conseil présidentiel de transition, comme le représentant d’un Gouvernement dont l’échec s’écrit en majuscule, en est un début de preuve. Comme Leslie Voltaire et Smith Augustin, le quinquagénaire (28 septembre 1967) est un futur président de courte durée.
C’est en « homme déçu » que Louis Gérald Gilles avait claqué la porte du parti de Jean-Bertrand Aristide, Fanmi Lavalas, pour créer sa propre structure politique en 2019, Nouvelle orientation unifiée pour libérer Haïti (NOULHA). « Il est nécessaire qu’au sein d’un parti politique que l’on évolue. Il faut faire preuve de tolérance et d’esprit démocratique dans la manière de choisir… », avait-il expliqué comme pour dénoncer, de manière allusive, la pesanteur de la domination de l’homme fort de Tabarre qui occupe la présidence à vie de son organisation politique.
Illusions perdues ! Très vite, NOULHA allait devenir une voix discordante parmi celles, dont Lavalas, qui réclamaient le départ sans conditions du président d’alors Jovenel Moïse. La veste de Docteur Gilles étant retournée, celui-ci signe les Accords (11 Septembre 2021 / 21 Décembre 2022) du Premier Ministre Ariel Henry, en qui certains voyaient l’incarnation du Pouvoir PHTK version III.
Par une certaine ironie de l’histoire, le médecin spécialisé en chirurgie a été kidnappé devant sa clinique à Delmas 103, le 16 février 2023, sous le Gouvernement auquel il a prêté allégeance et qui, à maintes reprises, promettait au peuple de freiner l’expansion des gangs armés.
Même si Louis Gérald Gilles n’a jamais remisé sa blouse, l’homme politique qu’il est éclipse littéralement le médecin, dit-on, compétent qu’il a été et demeure encore aujourd’hui. D’ailleurs, très peu de personnes (ou peut-être personne) gardent en mémoire une quelconque sortie de presse durant laquelle LGG abordait tel ou tel sujet médical.
Mais tout le monde se rappelle, par exemple, que l’originaire de la ville de Jérémie a été élu premier sénateur du Département de la Grand’Anse lors des scrutins controversés de juin 2000 sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide. Par la suite, il allait devenir Premier secrétaire du Sénat (28 août 2000). Tour à tour dans sa carrière, Louis Gérald Gilles a été professeur de Lettres et Doyen du Tribunal civil de la Cité des Poètes.
Au Conseil Présidentiel de Transition, le Secrétaire général de NOULHA incarne, disent les mauvaises langues, la présence d’un Ariel Henry décrié et de ses alliés zélés mais voulant toujours « rester dans le coup ». Peut-être que la configuration du prochain Gouvernement donnera raison ou tort aux détracteurs ou fins observateurs du Dr. Gilles.
Trêve de médisance, l’ancien candidat aux sénatoriales de 2016 est-il un homme d’ouverture et de consensus comme tentait de le faire croire un document biographique rendu viral sur les réseaux socionumériques par on ne sait qui lors des négociations de mars dernier en vue de l’accouchement du CPT ?
« Je vous garantis que Fritz Alphonse Jean, Leslie Voltaire et Laurent St-Cyr sont des hommes de bonne foi. Ils sont animés de bonne volonté pour que le Conseil continue de fonctionner. Je ne veux pas que la population ait l’illusion qu’il y a une grosse tension entre nous », déclarait Louis Gérald Gilles parlant de ses pairs du ‘’bloc minoritaire’’, alors que le Conseil présidentiel faisait face à une division née de la désignation d’Egard Leblanc comme président et de la proposition de Fritz Bélizaire comme Premier ministre.
Une déclaration qui laisse deviner, à s’y méprendre, un certain fair-play digne d’un homme de bon commerce.
