Leslie Voltaire ou la fin de la nostalgie lavalassienne du pouvoir
Sans contredit, Leslie Voltaire consacre le retour de Lavalas au Palais national. Pardon…, à la Villa d’accueil (Musseau), puisque l’aire du Champ-de-Mars où se trouve ce qui reste du Palais présidentiel est un territoire presque perdu, où les Conseillers présidentiels ne se hasardent pas.
Représentant du parti de Jean-Bertrand Aristide au Conseil présidentiel de transition, l’Architecte dont la « grande compétence » ne semble laisser aucune place au moindre doute, s’est déjà imposé comme une voix, si ce n’est la voix de la structure transitionnelle fabriquée par la Communauté internationale avec pour maître d’œuvre la CARICOM.
Marié et père de trois enfants, Leslie Voltaire célèbrera le 11 juillet prochain ses soixante-quinze (75) ans. Futur président éphémère de la République, l’originaire de Port-au-Prince est riche d’un parcours universitaire, professionnel et expérientiel qui, jusqu’à preuve du contraire, laisse croire qu’il a bel et bien sa place au Conseil présidentiel de transition qui a la lourde mission de remettre le pays perdu, Haïti, sur la voie institutionnelle.
En effet, Architecte urbaniste, Leslie Voltaire a fait ses études primaires et secondaires dans l’une de ces écoles de Port-au-Prince à grande réputation : le Petit Séminaire Collège Saint Martial. Son diplôme d’Architecte, le septuagénaire l’a décroché à l’Université Nationale autonome de Mexico. De plus, il est détenteur d’une Maitrise en planification urbaine et régionale de l’Université Cornell aux Etats-Unis.
Pendant plus de trente ans, il a prêté ses services aux secteurs public et privé où il a acquis une très grande expérience dans la gestion de la chose publique, en particulier, comme Ministre de l’Education, Ministre des Haïtiens vivant à l’Étranger (auteur de la Loi Voltaire qui a permis aux membres de la Diaspora de jouir de leurs droits économiques en Haïti) ou encore Envoyé Spécial auprès des Nations Unies, en charge de la mission du Président Clinton.
En fait, de 1991 à 2010, LV était tour à tour membre des Gouvernements de Jean-Bertrand Aristide et de René Préval. Reconnaissons-le, c’est un enfant du sérail !
Dans un article au ton hautement dithyrambique écrit par l’éditorialiste du journal Le Nouvelliste, Frantz Duval, présentant le « beau » cheminement de l’homme qui briguait la Présidence d’Haïti en 2010, il est dit que « le petit Leslie Voltaire a été élevé dans une famille qui a l’intérêt public comme pivot central et une haute estime de l’éducation comme valeur supérieure qui peut faire vivre en société et conduire vers la sagesse et la connaissance pour transformer et faire le bien public.
Pour ce qui est de l’intérêt public, seul l’histoire en sa qualité de juge impénitent peut dire si oui ou non Leslie en avait fait toujours sa boussole durant sa très longue expérience dans les hautes sphères du pouvoir. Toutefois, sa haute estime de l’éducation est visible comme le nez dans la figure ; le Conseiller présidentiel au costume lavalasien coche toutes les cases de la compétence confirmée.
Dans un CPT architecturalement chancelant…
Figé comme une œuvre architecturale, le Conseil présidentiel de transition n’inspire objectivement pas encore confiance, déjà plus d’un mois depuis que ses membres ont officiellement pris fonction. D’ailleurs, même le décret portant organisation et fonctionnement du CPT n’est pas encore publié dans le Journal Le Moniteur. Qui pis est, le choix du Premier ministre qui aura à partager avec cette structure transitionnelle le lourd fardeau de l’insécurité et le lot des misères innommables qui attendent d’être apaisées, n’est pas encore confirmé.
Le Conseil présidentiel de transition est en mode INTERETS DIVERGENTS. Dans ce contexte où tout ou presque au CPT se conjugue au temps personnel, Leslie Voltaire, en sa qualité de constructeur de Routes, se doit d’aider ses pairs à trouver le chemin qui mène au consensus définitif et durable.
« On ne peut pas échouer ! », a dit récemment Leslie lors d’une interview accordée à France24. Pour ne pas être vu comme cet Ingénu dépeint par Voltaire, en bon Architecte et riche de ses expériences de meneur d’hommes, LV devrait peut-être dessiner ou redessiner hic et nunc tout un plan de fonctionnement pour ce Conseil présidentiel qui ne cesse de projeter quotidiennement l’image d’une structure aussi branlante que sécable.