Le pays risque gros avec la bombe pétrolière

Le pays risque gros avec la bombe pétrolière

Après une campagne rondement menée pour préparer l’opinion publique, la nouvelle hausse des prix de produits pétroliers tant rêvée par les autorités intérimaires devient réalité. C’est fait, depuis le vendredi 10 décembre, non pas sans heurts, mais selon toute vraisemblance, ça devrait passer. 

La phobie des événements violents comme ceux enregistrés les 6, 7 et 8 juillet 2018 a été certes dissipée, mais tout n’est pas fini. Les réserves formulées par diverses associations de syndicats de transport public quant à l’effectivité d’une subvention spécifique au secteur laissent planer encore des incertitudes. 

La hausse des prix est entrée en vigueur avant même que la subvention soit disponible. Comme le gouvernement avait compté sur une quelconque collaboration et l’indulgence des syndicats dans leurs négociations, il reste aux autorités à prouver leur bonne foi. Mais l’essentiel est déjà fait.

Les yeux sont désormais rivés sur le gouvernement qui doit annoncer sans délai que la subvention est prête. Certains disent, que la simulation du financement ciblé du transport public a déjà débuté. Cela ne suffit pourtant pas à calmer l’ardeur de certains protestataires dans le Bas-Artibonite, à Léogâne, à Petit-Goâve ou dans divers endroits de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. 

En effet, le prix de la gazoline est passé de 201 à 250 gourdes, le diesel de 169 gourdes à 353 gourdes et le kérosène de 163 gourdes à 352 gourdes selon les nouvelles dispositions annoncées depuis le mardi 7 décembre 2021. Les chauffeurs sont bien obligés de se plier aux nouveaux prix à la pompe, alors que les passagers ne jurent que par le paiement des anciens prix des différents circuits.

Résultat : chauffeurs et passagers se livrent à une bataille rangée à n’en plus finir. Comme diriger c’est prévoir, le gouvernement aurait mieux fait de tout préparer avant de passer à l’augmentation des prix à la pompe. 

D’un autre côté, les économistes vous diront que la décision précipitée du gouvernement, parait-il aux abois, passerait mieux si une étude coût-bénéfice avait été diligentée pour évaluer les effets possibles sur les diverses franges de la société. L’appréciation du dollar américain sur le marché des changes, l’inflation enregistrée dans l’économie ces derniers mois et surtout la reprise à la hausse des prix du pétrole brut au niveau international depuis le début du mois de décembre constituent, à eux trois, une bombe sous les pieds de dirigeants haïtiens. 

Comme l’essence et le diesel sont des produits particulièrement transversaux, on devrait s’attendre à un taux d’inflation en hausse en glissement mensuel. Qui dit hausse constante de l’inflation renvoie automatiquement aux tensions sociales. Quand notre rédaction réfléchissait sur cette inquiétante bombe qui menace la nation de toutes parts, la tragédie du Cap-Haitien ne s’était pas encore produite. Tout en déplorant ce sinistre d’origine humaine, nous invitons la population et ceux qui s’adonnent à la vente de carburants dans l’informel à tirer les conséquences de ce drame de trop.  

Nous sommes encore loin de la sortie du tunnel, si les décideurs ne font pas preuve de créativité dans leur prise de décisions.  Et, quand l’insécurité, particulièrement les enlèvements contre rançon se mêlent du lot, personne ne sait où peuvent mener les risques d’une implosion sociale qui ferait davantage de victimes à long terme.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com