Le Conseil présidentiel empêtré dans la corruption, le pouvoir hiérarchique mis en question

Le Conseil présidentiel empêtré dans la corruption, le pouvoir hiérarchique mis en question

Bay chat veye mantèg ! La langue de Molière ne dispose, à notre connaissance, de meilleure formule pour traduire en si peu de mots ce qui se passe au Conseil présidentiel de transition (CPT), où trois (3) de ses membres sont éclaboussés par un grand scandale de corruption. 

En effet, les Conseillers-présidents Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin ont fait pression sur le Président du conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pascal Pierre-Louis, pour obtenir de lui l’astronomique somme de cent millions de gourdes afin de le maintenir à son poste. 

C’est l’avocat du numéro un du conseil d’administration de la BNC qui a jeté le pavé dans la mare. Vraies ou fausses, voilà des accusations qui ne font pas honneur au Conseil présidentiel de transition, appelé à jouer un rôle prépondérant dans la recherche de la solution à la crise multidimensionnelle qui paralyse le pays à tous les niveaux (politique, économique, social). 

Cette affaire est, à l’évidence, d’autant plus sérieuse que Raoul Pascal Pierre-Louis s’est vite fendu d’une correspondance pour informer le Premier ministre, Garry Conille, qu’il a été approché par les représentants de l’Accord du 21 Décembre, du parti Pitit Dessalines et d’EDE/RED/Compromis historique… 

« Cette demande, que je perçois comme une forme de corruption, menace non seulement mon intégrité professionnelle mais pose également un risque sécuritaire grave pour ma famille et moi-même. Devenus cible de ces individus, nous sommes exposés à des menaces d’attaques potentielles. Face à cette urgence, je sollicite une intervention rapide de votre part afin de renforcer notre sécurité et de permettre la continuation de mes fonctions dans un environnement sécurisé et sans pression indue… », écrit le Président du conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit au Chef du gouvernement, en date du 24 juillet 2024. 

Dans l’intervalle, des voix avisées se demandent pourquoi Raoul Pascal Pierre-Louis s’est adressé au Premier ministre Garry Conille pour le renforcement de sa sécurité et non au Président du CPT, Edgard Leblanc ? N’assiste-t-on pas à un non-respect de la hiérarchie ? A l’échelle de l’Etat, le Conseil présidentiel de transition n’occupe-t-il pas un échelon supérieur par rapport au gouvernement ? 

Les accusés jouent la carte de l’innocence 

Sans surprise, les Conseillers-présidents pointés du doigt ont tous plaidé non-coupable face à l’opinion publique. Ainsi, Louis Gérald Gilles et Smith Augustin qualifient de fantaisistes, calomnieuses, mensongères les accusations portées contre eux. Selon le représentant de l’Accord du 21 Décembre au CPT, cette campagne viserait à maintenir le chaos pour exploiter l’industrie criminelle en Haïti. 

De son côté, le représentant de EDE/RED/Compromis historique invoque une démarche politiquement motivée visant à déstabiliser le Conseil présidentiel de transition. 

Coup de théâtre ! après que des secrétaires départementaux du parti EDE ont écrit à leur secrétaire générale pour réclamer le retrait de Smith Augustin plongé dans ce scandale de corruption qui entame l’honneur du CPT, au plus haut niveau, cette structure dont Claude Joseph est le numéro un, fait valoir le principe de la présomption d’innocence pour accorder son soutien au concerné. 

« Il serait irresponsable de lâcher Smith Augustin sur la seule base d’une accusation sans aucune preuve avancée… », tranche le parti. Solidarité de corps oblige, RED et Compromis historique affirment maintenir leur confiance en leur représentant au Conseil présidentiel de transition qui n’a violé aucun article de l’Accord du 3 avril 2024 encore moins du Décret relatif au fonctionnement du CPT.

Pour un CPT remodelé  

De l’avis du Président de Force Louverturienne Réformiste, Emmanuel Ménard, « la Transition est en danger et la République est avilie ». Pour l’ancien Directeur général de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH), puisque les bergers du troupeau se sont constitués en loups, discréditant ainsi le Conseil présidentiel de transition, il est une urgence que les parties prenantes statuent sur : la défaillance du CPT tel que composé, l’adoption d’un consensus suffisant pour le remodeler ou choisir un Président provisoire à côté du Premier ministre accompagné d’un organe de contrôle de la transition pour équilibrer la nouvelle gouvernance intérimaire bicéphale. 

Dans la foulée des voix qui réclament le remodelage du Conseil présidentiel, celle de Pierre Espérance est on ne peut plus tonitruante. Le défenseur des droits humains est clair et sans équivoque : Louis Gérald Gilles doit être remplacé immédiatement. Selon Monsieur Espérance, l’ancien sénateur de la Grand’Anse sous la bannière de Fanmi Lavalas est impliqué dans d’autres cas dont des chantages exercés pour obtenir la faveur sexuelle d’une employée de L’office national d’assurance-vieillesse (ONA), aux fins d’une promotion de Directrice générale. 

Gérald Gilles n’étant pas en odeur de sainteté, le Directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) appelle à sa mise à pied pour sauver l’honneur du CPT. 

En attendant, l’Unité de Lutte Contre la Corruption a déjà été saisie du dossier. L’accusateur des trois conseillers-présidents, à savoir Raoul Pascal Pierre-Louis, a même déjà été auditionné par des enquêteurs l’ULCC. 

En clamant leur innocence dans des notes de presse ou par l’intermédiaire de leurs partisans, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin ne sont pas tirés d’affaire. Seule l’enquête approfondie que pourrait ouvrir l’ULCC rendront blanc ou noir les trois (3) conseillers-présidents. Et là encore… 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com