Haïti s’en fout royalement de la démocratie!
Plus personne ne compte le nombre d’années écoulées depuis que le pays ne dispose pas de Parlement. Comme si cette institution incarnant essentiellement et matriciellement la Démocratie était condamnable et de fait condamnée pour Crime d’inutilité, personne ne sort son mouchoir pour pleurer sa mort.
Certes, l’on se souvient de la date tragique du 7 juillet 2021 mi-fraîche, mi-sèche dans certaines mémoires, mais on s’arrange pour oublier et de fait on oublie que le pays ne dispose pas de Chef d’Etat. Que l’on ne s’y méprenne pas, nous parlons de Président de la République, le garant de l’Indépendance nationale et de l’intégrité du territoire, le Chef nominal des Forces armées, et non de Cocktail présidentiel composé d’ingrédients politiques toxiques pour la santé de la Démocratie.
Haïti, le singulier petit pays de la région caribéenne, fonctionne avec « Zéro élu », d’où tout ce qui constitue ou devrait constituer le symbole de l’ordre démocratique est inexistant. Personne ne s’en soucie. Il n’y a pas matière à débat, en gros il n’y a pas matière du tout.
Ici, le peuple oublie tout naturellement ses représentants (Président, Sénateurs, Députés, Maires…) comme un homme de quarante (40) ans a littéralement oublié son premier jouet reçu étant enfant. Il s’agit, pourtant, d’un grand drame social mêlé d’une immense tragédie politique dont on ne parle pas ; d’une catastrophe anthropique que les Chasseurs-jouisseursdes Ressources publiques feignent d’ignorer.
Des élections, les « dirigeants non-élus » ne parlent que par psittacisme, répétant ainsi une insouciante Communauté internationale qui les réclame par mauvaise foi parce que faisant fi du poids des gangs armés dans la balance sociale, politique, voire économique.
A la vérité : au pays des Pseudo-démocrates, l’absence de démocratie n’est jamais remarquée, sa présence jamais réclamée. Menées par de simples porteurs de titre ou titulaires de fonction, nos institutions (Présidence, Parlement…) trahissent souvent leurs noms, si ce n’est toujours. A tous les niveaux des pouvoirs, le ratage de vocation est monnaie courante…
Abêti, mais non pas bête, le gros du peuple haïtien avait longtemps senti et compris le Jeu de coquins qu’inaugurait son bulletin de vote. Son silence sur l’inexistence des « institutions démocratiques » est peut-être une prise de revanche sur la démocratie fantoche et importée à laquelle il ne s’était jamais identifié. Il est urgent d’y penser !
Aujourd’hui, dans ce grand vide bêtement démocratique où Haïti se retrouve empêtrée, il est impératif pour les Elites d’œuvrer à la démopédie, en attendant de sensibiliser le peuple à la démocratie. C’est, en somme, le premier pas à esquisser avant d’oser parler d’élections, seule voie pour le peuple de se faire vraiment représenter.
Mais, hélas, les Élites dont il est ici question et auxquelles Jean Price Mars avait magistralement rappelé leur vocation ne sont-elles pas aussi mortes que le Parlement ?