Haïti: plus rien ou presque ne nous rassemble…,même pas nos morts!
Comme c’est le cas des fêtes nationales (Indépendance, Vertières…) depuis quelque temps, la célébration des Guédés (fête des morts) a presque tout perdu de sa superbe. Plus les années passent, plus les 1er et 2 novembre perdent leur essence, leur sens et leur contenu. La politique du pire, pratiquée par tous les Gouvernements qui se sont succédé durant cette dernière décennie, a eu raison de la tradition. Les fameux spectacles bruyants et extravagants auxquels l’on savait assister dans les rues de Port-au-Prince et dans des villes de province sont devenus fades, ne suscitant plus trop grand intérêt.
Au cimetière de la capitale, les « loas » ne font presque plus la loi ; les rituels vodouesques ont beaucoup perdu de leur saveur sui generis. Qu’ils soient Loray, Brave, Zareyen ou Nibo…,les Guédés ne rassemblent plus les Haïtiens comme avant.Pour tout dire,les rituels d’aujourd’hui manquent de « Piman» !
Plusieurs facteurs, au premier rang desquels la politique de bas niveau érigée en principe et système de gouvernance, contribuent à la destruction de ce « lieu de rassemblement populaire » qu’est la célébration des Guédés en Haïti.
Aucune politique culturelle n’encadre cette fête pour lui donner, dans une plus haute perspective, une vocation touristique par exemple… De plus, la culture haïtienne étant hautement dominée par les cultures occidentales à prétention universaliste, le vodou et ses corolaires lui donnant un charme particulier se retrouvent ainsi de plus en plus éclipsés par le Protestantisme, le Catholicisme et autres religions dérivées du Christianisme dont la diffusion constante s’effectue à grande échelle. Que dire de l’absence de « cadres sociaux stables » qui enlève à l’Haïtien tout goût aux plaisirs traditionnels, et même à la vie dans une large mesure.
Sans contredit, le carnaval national et les fêtes champêtres dont l’éclat et l’envergure sont aujourd’hui assombris, la fête des Guédés dépourvue de son lustre d’antan nécessitent au plus vite revalorisation, encadrement et promotion. En effet, ces « hauts lieux de rassemblements populaires » en voie de disparition doivent être réorganisés par la mise en branle de politiques publiques axées sur le développement culturel et touristique.
Mieux encore, ces ambiances populaires sont hautement créatrices de « lien social », apte à réveiller la conscience nationale affaiblie, endormie. Après tout, n’est-il pas plus que jamais nécessaire de relier les individus dispersés qui composent ce que l’on appelle aujourd’hui encore, plus par habitude, moins par réalité, « société haïtienne » ?