Haïti : Covid-19/Soins hospitaliers-Quel est le prix à payer pour rester en vie…

Haïti : Covid-19/Soins hospitaliers-Quel est le prix à payer pour rester en vie…

Depuis l’apparition du coronavirus en Haïti, au mois de mars 2020, un total de 27,082 cas ont été détectés selon les dernières données rendues publiques par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). À date, le pays a connu quatre vagues de la pandémie s’il faut tenir compte des informations officielles. Dépendamment de leur bourse ou de la gravité de leur cas, certaines personnes contaminées ont recours à la médecine traditionnelle, d’autres néanmoins optent pour des soins ambulatoires, à domicile, quand elles ne sont pas prises en charge en milieu hospitalier.

Et quand surviennent des variants du coronavirus les uns plus menaçants, plus dévastateurs que les autres, c’est mieux d’être sous contrôle médical recommandent des professionnels de la médecine, mais à quel prix ?

Port-au-Prince, le 17 janvier 2022.-

« Je suis un rescapé », lâche André, un homme dans la soixantaine qui se rappelle les difficultés qui ont caractérisé sa convalescence après avoir été testé positif au Covid-19 au mois de février 2021. Légèrement corpulent, le natif des Verrettes se mettait à ingurgiter toutes sortes de tisane dans les premiers moments d’apparition de symptômes avant d’être convaincu par ses proches de se rendre à l’hôpital face à la détérioration rapide de son état en l’espace de quelques jours.

Diabétique et hypertendu, l’Artibonitien s’est vu refuser l’accès à deux centres hospitaliers où il a été conduit en toute vitesse-faute d’argent-pour finalement être admis dans un autre.

« J’ai vécu cette expérience comme un chemin de croix », poursuit-il, en capitalisant tout de même sur la fin heureuse qu’a connue sa situation.

Le Centre de Traitement des Infections Respiratoires Aiguës qui accueille les Patients présentant des signes assimilables au Covid-19 (toux, fièvre persistantes) est accessible sans frais depuis Mars 2020 explique le docteur Marc Edson Augustin, directeur médical de la fondation St Luc opérant dans la commune de Tabarre.  

À date, ce centre a reçu plus de 2,000 patients atteints du coronavirus à des degrés divers. Certains ont seulement bénéficié de soins ambulatoires tandis d’autres ont nécessité une hospitalisation. Ce qui implique en clair, une prise en charge presque totale incluant radiographie, examens de laboratoire, oxygénation.

« Dans tous les cas, les patients doivent se procurer eux-mêmes leurs médicaments », nuance le docteur Augustin.

Les médicaments qui sauvent…

La liste varie d’un patient à l’autre mais généralement il s’agit de la ceftriaxone, de l’Azythromycin, des vitamines C, D, du Zinc, du Paracétamol, de l’Enoxaparine, d’un fluidifiant bronchique, de l’Oméprazole, de l’Ivermectine.

Et comme c’est la logique du marché qui prédomine, les prix de ces médicaments dépendent de la pharmacie fréquentée, de la saison ou encore de la demande. Mais en moyenne il faut disposer de 25,000 gourdes pour accéder à l’ensemble décrit précédemment.

Un patient pris en charge en milieu hospitalier consomme normalement quatre (4) bonbonnes d’oxygène par jour. Dans le cas d’une hospitalisation de huit (8) jours, cela représente un coût d’environs 82,000 gourdes pour l’institution selon la logique du marché.

Là où le bât blesse…

« En ce qui me concerne on a du vraiment délier les cordons de la bourse », avoue Véronique 53 ans. Son cas était parmi les plus compliqués et par conséquent requérait une évaluation plus poussée pendant la durée de sa convalescence qui a dépassé le seuil de huit (8) jours.

Entre deux (2) radiographies (4,000 gourdes), un bilan rénal, il faut placer des examens de routine tels Hémogramme, bilan de coagulation, D’dimère, Glycémie, bilan hépatique (7,500 gourdes).

Comme dans le cas d’André, beaucoup de malades du coronavirus ont essuyé une fin de non-recevoir en tentant de se faire admettre dans des centres hospitaliers de la région métropolitaine de Port-au-Prince pour n’avoir pas pu payer le montant exigé au moment de l’arrivée. Une somme qui tourne autour de 250 mille gourdes avait dénoncé en juin 2021, sur les ondes de radio Caraïbes fm, l’ex secrétaire d’état à la communication (sous l’administration du président Jovenel Moise), Eddy Jackson Alexis dont l’épouse-Esther Dorestal Alexis-est passée de vie à trépas des suites de complications liées à la pandémie.

Il faut toutefois retenir que le dépôt de garantie n’est pas réclamé dans tous les centres payants quand bien même le coût de la prise en charge dépend de plusieurs facteurs. Avec ou sans comorbidité, c’est selon…

« Le prix par patient varie en fonction de la gravité du cas », explique Madame Radley Joseph qui travaille comme assistante du docteur Jean William PAPE aux centres GHESKIO. À ce jour, l’institution a déjà soigné près de quatre mille patients Covid-19 dont la plupart à domicile.

La question de la prise en charge par l’État

Parallèlement aux établissements privés de fournitures de soins anti-Covid, des hôpitaux placés sous la tutelle du Ministère de la Santé Publique et de la Population ont assuré le traitement gratuit de patients de toutes les couches sociales ou presque au cours de diverses phases d’évolution de la maladie. Au premier rang de ces espaces de prise en charge, le centre de traitement de Delmas 2 marque les esprits.

« J’ai été impressionnée par la qualité des soins fournis dans cet hôpital de fortune », témoigne Kathiana 46 ans. Elle garde le souvenir d’une prise en charge impeccable assurée par des médecins cubains assistés d’un personnel infirmier haïtien pendant ses huit (8) jours d’hospitalisation sous assistance respiratoire.

Préserver sa santé en temps de pandémie

A tout prendre, ceux qui n’ont pas eu la chance d’être pris en charge dans un hôpital public ou un centre de traitement exonéré ont eu à dépenser entre 36,000 et 118,000 gourdes pour se faire soigner contre le covid-19. On dirait une petite fortune pour les petites bourses.

À un moment où l’on ignore si oui ou non le variant Omicron est présent sur le territoire national, de telles sommes restent néanmoins dérisoires par rapport à l’importance des gestes barrières pour préserver la vie contre ce fléau qu’est devenu depuis plus de deux ans le coronavirus.

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