Entre difficultés de déploiement et matériels inadaptés, la Mission multinationale patine

Entre difficultés de déploiement et matériels inadaptés, la Mission multinationale patine

Dans un contexte où la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti conduite par le Kenya peine à donner des résultats sur le terrain, le président de ce pays de l’Afrique de l’Est, William Ruto, a visité, le samedi 21 septembre 2024, la Première République noire. Accueilli par le président du Conseil présidentiel de transition, Edgard Leblanc, et par la Ministre de l’économie et des finances, Marie Ketleen Florestal, faisant office de Premier ministre en absence de Garry Conille, le Chef d’Etat kényan a rendu visite à son contingent à Clercine (Port-au-Prince). Cette troupe de quatre cents (400) officiers arrivée dans le pays en deux temps, le 25 juin 2024 et le 16 juillet 2024, ne suscite pas beaucoup d’espoir chez les Haïtiens en ce qui a trait au rétablissement de la paix. 

Abstraction faite des quelques blindés dont disposent la police nationale d’Haïti, soutenue par les policiers kényans, les bandits qui occupent une large partie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince sont mieux armés que les forces de l’ordre qui, engagées dans certaines opérations, ne parviennent toujours pas à libérer les zones stratégiques dont Martissant, Gressier, Croix-des-Bouquets, Ganthier… Selon des experts en matière de sécurité, le démantèlement des puissants foyers de gangs éparpillés un peu partout à travers le pays nécessite des interventions maritimes et aériennes. 

A ce niveau, le pari du rétablissement de la sécurité n’est pas encore gagné pour les forces de l’ordre (PNH-FAd’H-MMAS) qui ne possède ni d’hélicoptères, ni d’avions de combat, encore moins de drones. Tout compte fait, ce trio manque presque de tout, quand on sait que même certains des blindés ne sont pas adaptés, tombant en panne en plein combat contre les malfrats. 

Douteux manque de financement 

« Ce qui est souhaitable, c’est que des pays assument la responsabilité de financer proprement l’opération qui est en cours. Je dois dire que pour moi, c’est absolument incompréhensible quand on me dit qu’il n’y a pas d’argent », a déclaré récemment le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, soulignant qu’en Haïti il y a « une tragédie humaine qui se prolonge, avec une histoire qui est bien connue et où il y a beaucoup de responsabilités, pendant des dizaines, même plus d’un siècle ou deux siècles de vie ».

D’un ton tranchant, le diplomate portugais a indiqué que « s’il y a une banque très proche d’ici qui est en risque de faillite, il y aura probablement une mobilisation de milliards et milliards pour sauver la banque ». « Quand on décrit les guerres et les armes dont on a parlé pendant cette conférence de presse, il y a des milliards et des milliards toujours disponibles pour ce qu’il faut. Et pour une petite opération en Haïti, où il nous faut quelques centaines de millions de dollars pour garantir la présence de cette opération, il n’y a pas d’argent.  Ça, je n’accepte pas. Et après on dit, comme il n’y a pas d’argent, mettons une opération de maintien de la paix, parce que là, il y a des contributions obligatoires », a soutenu M. Guterres.

Jusqu’à présent, seuls les USA et le Canada sont parmi les rares pays à tenir leurs engagements en matière de financement de la MMAS. Les USA ont indiqué avoir engagé plus de 300 millions de dollars dans le cadre de cette mission. Seuls six pays ont pour l’instant versé 68 millions de dollars en cash pour soutenir la mission multinationale de soutien qui est menée par le Kenya.

Surprenante satisfaction

« Je suis très heureux d’arriver aujourd’hui dans cette ville et de constater que la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en est à son 100e jour de présence en Haïti », a déclaré le président du Kenya à son arrivée en Haïti le samedi 21 septembre 2024. 

Félicitant les dirigeants haïtiens et la Police nationale d’Haïti pour leur collaboration avec la Mission multinationale de soutien à la sécurité, William Ruto estime que grâce à cette coopération, de nombreux progrès ont été réalisés dans la gestion de la situation en Haïti. 

« Nous avons renforcé la sécurité autour de l’aéroport international Toussaint Louverture. Nous avons davantage de sécurité à l’Hôpital de l’université d’Etat d’Haïti, à l’Académie de police, et des efforts sont en cours pour recruter plus de policiers », s’est targué le chef d’Etat du pays de l’Afrique de l’Est. 

Une satisfaction qui contraste avec le désespoir des Haïtiens qui n’arrivent toujours pas à vaquer librement à leurs occupations, compte tenu de l’hégémonie imposée par les gangs armés dans différentes régions du territoire national. 

Pour l’heure, 400 officiers kényans, vingt-quatre (24) soldats et policiers jamaïcains appuient la Police nationale d’Haïti et les Forces armées haïtiennes dans la lutte contre les gangs armés. D’ici octobre et novembre 2024, 600 policiers kényans devraient rejoindre la Mission multinationale de sécurité en appui à la PNH. 

Gagnera-t-elle le pari de l’efficacité sur le terrain ? 

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