Construire un pays, un ouvrage pour lequel l’articulation des compétences est essentielle

Construire un pays, un ouvrage pour lequel l’articulation des compétences est essentielle

Par Ashley Laraque

Pour construire, il eut fallu de prime abord que nous nous autorisions à rêver. Il faudrait donc : ceux qui en rêvent, des penseurs pour interpréter et traduire le rêve, des architectes pour le concevoir, des ingénieurs pour le construire, des ouvriers pour le concrétiser, et un peuple pour y habiter.

Chez nous, les penseurs se croient architectes, les ouvriers : ingénieurs, les ingénieurs : des penseurs et les architectes : des ouvriers, et le peuple, tout à fait étranger au projet.

Il en résulte que tous, peuple, rêveurs, penseurs, architectes, ingénieurs, ouvriers, sont sous la pluie, occupés à se battre entre eux pour un rôle pour lequel ils n’ont aucune compétence et, pendant ce temps, l’étranger visiteur s’installe au fond de la cour et y construit son chalet pour être à son aise en tant que spectateur d’un ridicule pugilat. 

Les blessures sont profondes et nous risquons la gangrène ; alors, nous appelons les médecins, mais ces derniers se croyant des ingénieurs ne soigneront pas nos plaies. L’étranger spectateur prendra le temps d’y découvrir l’opportunité d’un commerce de cercueils qu’il nous offrira de bon cœur à travers la banque mondiale, la BID, la CFI, PETROCARIBE et toutes les autres agences spécialisées dans le domaine de récupération du bien d’autrui.  

Quand nous lui paraitrons épuisés, il s’empressera d’alimenter notre ardeur à l’autodestruction de prétextes de classes, de couleurs de peau, d’origines ethniques, de nivaux intellectuels, nous inventant même des appartenances politiques fautes d’idéologiques.

Trop occupés à nous entretuer, nous avons oublié de creuser, et les cercueils remplis jonchent le sol, seule l’odeur de nos cadavres en putréfaction retardent notre déguerpissement des lieux.

Le constat est sidérant, la réalité déconcertante. Nous sommes un peuple qui a nourri le rêve le plus improbable, celui de la liberté pour tous, nous l’avons construit et en avons fait profiter le monde entier. Malheureusement, la liberté acquise et conquise, les guerriers que nous avons été n’ont pas su se muer en bâtisseurs. Nous avons bêtement continué le combat et avons choisi comme adversaires, le reflet dans nos miroirs.

Nous avons avec fierté revêtu  le costume des clowns amuseurs et interprétons avec brio la danse des idiots pour le plus grand bonheur des étrangers en passe de nous expulser.

Amer, vous croyez ? Je ne souhaite qu’à être convaincu du contraire.

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