Combien coûte au Trésor public “l’accueil chaleureux” reçu par Ariel Henry?

Combien coûte au Trésor public “l’accueil chaleureux” reçu par Ariel Henry?

L’espace d’un instant, le Premier ministre Ariel Henry, dont la légitimité est souvent remise en question, était passé de l’ombre à la lumière. Le lundi 25 septembre 2023, le Chef du Gouvernement haïtien, de retour de New-York, a été accueilli par une foule de ‘’militants’’ en liesse, massés devant l’Aéroport International Toussaint Louverture. 

L’ambiance était tout simplement carnavalesque. Pour tout prétexte, ces supporteurs disaient vouloir saluer la position de bon Patriote adoptée par Ariel Henry à la tribune de l’Organisation des Nations Unies en faveur de la construction du canal sur la Rivière Massacre. Pour un Premier ministre aussi décrié qui n’arrive pas à délivrer la marchandise plus de deux (2) ans à la tête d’un Exécutif monocéphale, cet accueil est on ne peut plus inusité, voire invraisemblable. Du coup, naturellement, une question cardinale se pose et s’impose : en valeur pécuniaire, que représente cet accueil populaire enthousiaste obtenu par Ariel Henry ? Quel est donc son prix ?

En politique, peut-être en Haïti plus qu’ailleurs, tout ou presque est monnayable, les « Vive ! », les « A bas ! » …, même les accueils. Pour être mis sur orbite, simuler une fausse apparence de popularité, bref pour tromper les esprits les plus naïfs, certains dirigeants n’hésitent jamais à mettre la main à la poche, consentir de grands débours en provenance des caisses de l’État. 

C’est une pratique bien haïtienne à laquelle beaucoup de Chefs d’État et de Gouvernement, de parlementaires, de ministres et de directeurs généraux, et même des chefs de partis politiques  ont eu recours pour les besoins de leur propre cause. L’accueil exalté réservé au Premier ministre à son retour de la ville économique des Etats-Unis laisse supposer, à tort ou à raison, que celui-ci s’est prêté à ce petit jeu politicien qui assèche le Trésor public, dangereux pour l’économie.

Sans verser dans la spéculation encore moins dans la calomnie, la posture de « chef » adoptée par Ariel Henry à l’ONU pour signifier à la République Dominicaine le droit souverain d’Haïti d’utiliser les ressources binationales, ne suffit pas à lui valoir une telle chaleur populaire. Ça sent les manœuvres politiciennes à mille coudées ! D’ailleurs, le contexte d’insécurité quasi généralisée, couplé du déplacement de milliers de citoyens fuyant leurs lieux d’habitation sous peine d’être exterminés par des bandits armés, ne joue pas en faveur de cette équipe gouvernementale qui ne donne jusqu’ici aucune preuve réelle d’autorité capable de rétablir l’ordre dans la Cité.

Ce stratagème politique auquel le pays a assisté le 25 septembre dernier aux abords de l’Aéroport International Toussaint Louverture semble avoir la vocation de légitimer le pouvoir d’Ariel Henry, face à des protagonistes qui ne jurent que par sa démission ; condition sine qua non à la reprise du dialogue politique. En tout cas, à s’y méprendre, cette tentative de légitimation coûte gros au Trésor publique. Qui dira le contraire ?

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