Boston: la fin d’une illusion pour des haïtiens qui dorment dans des stations de métro

Boston: la fin d’une illusion pour des haïtiens qui dorment dans des stations de métro

Fini le temps où le Massachusetts, en tant qu’État-sanctuaire, faisait montre de plus de précaution et de compassion dans la prise en charge des migrants y compris ceux en provenance d’Haïti, en les plaçant dans des abris pour des périodes plus longues en attendant de trouver un logement. La vague de ces réfugiés étant devenue une crise trop lourde à gérer pour le Gouvernement du Commonwealth, des restrictions ont été adoptées transformant les abris en de simples « Centres de répit temporaires » d’où les occupants devront être expulsés au bout de cinq (5) jours à partir du 9 août prochain. Une nouvelle réalité qui fait déjà grincer des dents…

Sous une chaleur étouffante, à la station de métro du Nord de Quincy, (une ville périphérique de Boston), Mirlène tient contre sa poitrine son bébé de quatre (4) mois qui n’arrête pas de pleurer. C’est là qu’elle est venue passer la nuit (du samedi 3 août 2024) avec sa famille suite à l’annonce des restrictions d’hébergement par le Gouvernement du Massachusetts.

Des enfants en bas âge, des femmes enceintes et allaitantes font partie des centaines de membres de familles sans-abris, contraints de trouver une alternative depuis le changement de cap de l’Administration Healey-Driscoll en ce qui a trait à la prise en charge des migrants devenus trop nombreux à déferler sur cet État démocrate situé dans le Nord-est des Etats-Unis d’Amérique. 

Le plus clair des haïtiens se retrouvant dans cette situation d’infortune appartenait à la couche laborieuse du pays avant d’avoir dû fuir le territoire face à la terreur des gangs.  

« Ils ont tué mon mari et pillé ma maison qu’ils ont ensuite incendiée », lâche Agnès 42 ans, un sanglot dans la voix. Originaire de Carrefour-Feuilles, elle raconte avoir vécu « les pires moments de mon existence » qui l’ont amenée à abandonner son pays en passant par le Nicaragua pour atterrir à la frontière mexicaine en compagnie de son fils de 8 ans. 

Jacquelin, un père de deux enfants avait quitté en vitesse la demeure familiale à Martissant, il y a trois (3) ans pour se réfugier en République dominicaine. De là, il a rejoint la Floride avant de se diriger vers le Massachusetts par le truchement du programme (Biden) dénommé parole humanitaire. « On m’a dit qu’ici c’est mieux pour le travail et la santé », témoigne l’homme de 39 ans, un tantinet déçu compte tenu de ses premiers déboires.  

Lui, son fils de (6) six ans et sa fille de (4) quatre ans devaient être accueillis par un cousin qui n’a pas tenu ses promesses. C’est ainsi que l’ex-professeur de Mathématiques au niveau de plusieurs institutions d’enseignement secondaire réputées de la capitale haïtienne s’est retrouvée à la station de métro suite à une nuit passée chez un « bon samaritain ». 

Les centres d’accueil pour migrants répartis un peu partout à travers le Commonwealth sont débordés. Pour cela, les familles nouvellement arrivées comprenant des mineurs doivent s’inscrire sur une liste d’attente dans l’espoir de trouver un abri dans un délai de six (6) à (8) huit mois. 

Des haïtiens passant la nuit dans un terminal de l’Aéroport international Logan de Boston avant l’interdiction d’y séjourner

Dans la capitale du Massachusetts, Boston, comme dans les autres communes de l’État, les organisations fournissant un accompagnement aux migrants poursuivent leur plaidoyer mais reconnaissent la complexité du problème qui vient se greffer sur une crise de logement préalablement accrue. Le prix du loyer est parmi les plus élevés de tous les Etats-Unis et par conséquent très peu de familles ont la capacité d’accueillir des proches.

Entretemps, des appels sont lancés à l’endroit des responsables d’églises pour qu’ils acceptent d’abriter des réfugiés comme par exemple lors des moments d’intempéries incluant les jours de pluie. 

Intervenant sur une station locale du Massachusetts, le Dr Aura Obando, directrice médicale de l’équipe familiale du Boston Health Care for the Homeless, a déclaré que les conditions de vie de ces familles peuvent être dangereuses. Obando a été l’une des signataires d’une lettre ouverte adressée la semaine dernière à la gouverneure Maura Healey, appelant à des politiques de logement humaines.

« Il existe des données qui lient l’exposition à des températures extrêmes à de mauvais résultats pour la santé pendant une grossesse – le simple stress de l’expérience peut également conduire à de mauvais résultats pour la mère et l’enfant, y compris la dépression pendant la grossesse, qui est liée à de nombreuses dépressions post-partum et à d’autres impacts sur le développement du fœtus », a-t-elle déclaré.

Conformément aux nouvelles règles restrictives de l’État, en plus du fait que les séjours en abri sont limités à cinq (5) jours dans les « centres de répit temporaires », les familles qui y séjournent ne peuvent pas obtenir de placement dans le système d’hébergement d’urgence pendant au moins six mois. 

« Ils ne vont pas dans les centres de répit parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas éligibles à l’aide d’urgence », a déclaré Jeffrey Thielman, directeur exécutif de l’Institut international du New England (Nouvelle-Angleterre). « Nous allons voir beaucoup plus de gens dans les rues. » 

La responsable de presse du bureau du gouverneur Healey, Hand Karissa a informé que certaines des premières familles expulsées des centres de répit temporaires ont déjà reçu un billet d’avion ou d’autobus leur permettant de voyager vers un autre État de leur choix, sans toutefois avancer de chiffres. 

Dans une réponse envoyée à Boston 25 News, la responsable de presse a précisé : « Cette nouvelle politique aidera à ouvrir des espaces dans les centres de répit temporaires afin que les familles aient un endroit où rester temporairement pendant qu’elles travaillent avec les gestionnaires de cas pour identifier un logement alternatif. Le Massachusetts n’a plus de place dans les abris et ne peut pas continuer à se permettre la taille de ce système», a-t-elle insisté. 

Selon un récent rapport publié par le Center for Immigration Studies, un groupe conservateur, le Massachusetts dépensera 1,8 milliard de dollars au cours des deux prochaines années pour gérer un nombre croissant de migrants arrivant dans l’État.

Ce document met en évidence une série de coûts en plus du logement, notamment la scolarité pour les mineurs, les services sociaux et les soins médicaux.

Avec Boston 25 News

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