Anti-Ariel “à bout de souffle”,des Défenseurs de droits humains entrent en scène
Contrairement à leurs promesses de permanence, les mobilisations antigouvernementales sont en mode « PAUSE ». Aux Cayes, à Jérémie, à Ouanaminthe, entre autres villes de province où les manifestations étaient pour le moins volcaniques, les rues décolèrent.
A Port-au-Prince notamment, c’est l’encéphalogramme plat. Les opposants farouches au Premier ministre Ariel Henry semble avoir perdu une bataille. Trop tôt pour dire qu’ils ont perdu la guerre, mais rien n’indique pour autant qu’ils la gagneront.
Attendons voir ! Entretemps, les organismes de défense des droits humains font leur entrée. Après les deux jours de manifestations de rues enflammées (6, 7 février) et le temps mort (8 févier) précédant l’inoccupation du béton par les Anti-Ariel, les Défenseurs des droits humains prennent le relais, dénonçant, critiquant, sensibilisant à grands coups de communiqués et de notes de presse.
Au premier rang des organisations figure le Réseau National de Défense des Droits Humains qui a vite fait d’appeler à l’ouverture d’une enquête afin de fixer les responsabilités sur le drame survenu dans le quartier de Laboule le 7 février 2024, où cinq (5) agents de la Brigade de Surveillance des Aires Protégées (BSAP) ont été tués par la police de Pétion-Ville.
Le directeur exécutif du RNDDH, Pierre Espérance, commentant les faits questionne les conditions dans lesquelles les membres de la BSAP ont été victimes. Selon ses considérations, les forces de l’ordre ne sont pas habilitées à exécuter leurs cibles, si elles ont été préalablement maitrisées.
Dans l’intervalle, il appelle à l’arrestation de l’ex-directeur général de l’Agence nationale des aires protégées (ANAP), Jeantel Joseph et de l’ancien trafiquant de drogue Guy Philippe, considérés comme étant deux fautifs dans la mort tragique des agents de la Brigade.
De son côté, la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH) critique ce qu’elle appelle les « mauvais choix politiques » effectués depuis 2011, qui ont conduit le pays dans l’abîme.
« La commémoration des 38 ans du 7 février en Haïti, autrefois symbole d’espoir démocratique, est aujourd’hui marquée par une profonde inquiétude », se désole la structure qui lance un appel à l’action face à la crise politique et sociale qui déchire Haïti. De plus, la POHDH dénonce l’impasse institutionnelle actuelle, marquée par l’absence de parlement, une justice fragile, et un pouvoir exécutif monocéphale depuis plus de deux ans.
La plateforme souligne que la crise s’aggrave jour après jour, avec une population prise au piège d’une insécurité croissante et d’une économie en lambeaux.
« Les déplacements deviennent périlleux, les massacres se multiplient, forçant des milliers de personnes à fuir leurs foyers. La faim et le chômage sont devenus le lot quotidien d’une grande partie de la population », énumère la POHDH qui dit prendre note des récentes manifestations du 5 au 7 février, violemment réprimées par les forces de l’ordre en totale violation de la Constitution de 1987.
Ainsi, appelle-t-elle à la mobilisation contre la pauvreté et l’insécurité, tout en exhortant la population à rester vigilante face aux manœuvres politiques.
Dans un communiqué de presse publié le 9 février, le Collectif Défenseurs Plus, pour sa part, exprime son indignation face aux « actes odieux perpétrés par des policiers en uniforme, notamment l’assassinat du jeune Roosevelt Constant aux Cayes et l’agression brutale subie par un adolescent à Pétion-Ville ».
A en croire le Collectif, les « violences policières » ont entraîné la mort de douze personnes dans plusieurs communes, dont Pétion-Ville, Jérémie, Ouanaminthe, et Cayes, ainsi que des dizaines de blessés, parmi lesquels des journalistes et des avocats.
En outre, cette organisation co-dirigée par Anthonal Mortimé dénonce également les arrestations arbitraires et les actes de répression, comme la tentative d’assassinat de l’ancien sénateur Moise Jean Charles et du journaliste Jephté Bazile. En dernier ressort, le Collectif Défenseurs Plus rappelle que le droit de manifester est garanti par l’article 31 de la Constitution haïtienne de 1987, soulignant que l’institution policière est tenue de protéger et servir la population, et non de réprimer ses aspirations démocratiques.
En ce sens, il appelle à la poursuite des mobilisations pacifiques pour la reconquête de la souveraineté du pays et le respect des libertés publiques, conformément à la Constitution haïtienne et aux conventions internationales.
Dans la foulée des voix témoignant leurs inquiétudes face à l’ampleur grandissante et violente des manifestations, l’UNICEF se fait entendre en prenant la défense, comme le veut sa vocation, de la catégorie sociale la plus fragile : les enfants.
Pour l’Agence onusienne, face à l’escalade de la violence qui prévaut en Haïti, la protection des enfants devrait être la priorité. Dans cette poudrière qu’est devenue Haïti où les passions effrénées, les instincts criminels, les appétits de pouvoir démesurés sont à l’œuvre, il n’est pas sûr que le droit des enfants en particulier, le droit de l’Humain en général, sera respecté. A l’évidence, c’est le règne du « sauve qui peut ».