7 février 1986-7 février 2024: une démocratie en état d’insalubrité
Trente-huit (38) ans après la chute du régime dictatorial des Duvalier, la démocratie haïtienne est, pour paraphraser le Sociologue Laennec Hurbon, « introuvable ». Toutes les valeurs républicaines qui servent de socle à la démocratie, comme la justice, l’égalité devant la loi, la solidarité, font défaut.
Que dire des institutions garantes et veilleuses de sa bonne marche, comme le Parlement par exemple. Niet ! Depuis bien longtemps, la prétendue démocratie haïtienne a perdu jusqu’aux traits caricaturaux qui lui servaient de prétexte pour embellir trompeusement les discours officiels et les discours tout court. C’est la fin de tout ce qui donnait une illusion démocratique sur la démocratie.
Trente-huit (38) ans après le virage ‘’démocratique’’, l’État haïtien sur lequel le peuple fondait ses espoirs pour l’extirper de la misère sous toutes ses formes, n’est connu par les citoyens que sous le visage de la corruption. Par une certaine logique politique dont seuls les politiciens haïtiens détiennent le secret, Haïti est devenue un terreau propice à l’accroissement des inégalités (économiques, sociales, culturelles, politiques), des instabilités du même ordre.
En l’espèce, la démocratie haïtienne, mieux encore la démocratie à l’haïtienne, se résume à un régime qui permet à une certaine élite de conquérir et conserver le pouvoir en entretenant les fragiles mécanismes (comme les médias par exemple) lui assurant une certaine légitimité.
Trente-huit (38) ans après l’heureuse bamboche démocratique, Haïti se cherche encore. Elle s’y prend mal, très mal…, en confiant naïvement son destin, à la faveur des rues, aux imposteurs de la pire espèce, sans vrai plan de combat contre les injustices sociales, sans grande vision pour la jeunesse perdue dans des folies crétinisantes.
Parce qu’en Haïti toutes les bêtises sont permises au nom de la démocratie, les sauvés se prennent pour des Sauveteurs en mer jusqu’à s’ériger en Messies, incapables pourtant d’accomplir le miracle démocratique le plus simple, à savoir « aller à la rencontre de l’autre ». Près de quatre (4) décennies depuis qu’un refus éthique a été opposé à la dictature, régime de la pensée unique par excellence, nous sommes incapables de nous parler, de faire dialoguer nos sentiments contraires, de dépasser l’indifférence dictée par nos différences.
Notre démocratie, si l’on ose encore qualifier de démocratique cette forme de politique impensée qui se pratique en Haïti, est aussi insalubre que les rues de Port-au-Prince. Elle dégage une odeur fétide et malsaine qui empuantit les cœurs, jusqu’à corrompre des âmes.
C’est une démocratie où le peuple est sempiternellement le grand « Moyen » qui mène aux petites et viles « fins » jamais avouées, mais toujours démasquées in fine : la prise du pouvoir pour le plaisir de jouir du pouvoir. C’est une démocratie aux portes ouvertes sur un no man’s land, où nous nous égarons souvent avec la conviction d’être sur la bonne voie.
Trente-huit (38) ans après la chute du régime dictatorial des Duvalier, Haïti attend que son peuple se retrouve pour construire une démocratie à la lumière de l’idéal voulant qu’elle soit un régime au service du peuple.
Patriotes à la bonne volonté unissez-vous !